jeudi 13 août 2009

Nouvelle phase: 4 québécois en voyage à Trujillo

La rupture avec nos trois mois en famille d'accueil ne pouvait être plus radicale: après une nuit blanche dans l'autobus, nous arrivons dans notre hôtel de Huanchaco, un balnéraire de plage près de Trujillo, métropole du désert côtier, complètement déserté en hors-saison. Il fait froid et gris, à 6 heures du matin les rues sont vides, mis à part quelques traîneux qui vident les poubelles. À notre arrivée à la station d'autobus, les taxistas s'étaient agglutinés autour de nous comme des mouches, ce qui laissait présager comment serait le sud, plus touristique.

La rupture a pris la forme de très réconfortantes crêpes cuisinées dans notre auberge, accompagnées du très québécois sirop d'érable. C'est à ce moment que je me rends compte que la radio à Piura, c'est fini. Nous sommes entre nous, à l'aventure à travers le Pérou. Je ne suis plus l'accompagnateur qui organise, mais un voyageur comme les autres, bien content de passer le flambeau à Denis et Julie, qui disposent du Lonely Planet qui guidera nos vies.

Nous arrivons la journée anniversaire de la mort du fondateur de l'APRA (Alianza para el Progreso), le parti du président Alán García. Sur la place d'armes s'aligne une centaines de voitures de police offertes au département pour souligner l'événement. Les militaires et les policiers grouillent dans les centre-ville, avec les curieux et les passants.

La journée suivante, nous allons visiter le site archéologique de Chan Chan, qui fut il y a plus de mille ans la plus grande ville en adobe (briques séchées faites de terre et de paille) au monde, avec plus de 60 000 habitants. Ce matériau très fragile n'a pas résisté au temps et aux pluies cycliques d'El Niño, qui ont rongé et dissous l'ensemble du site, énorme. On voit encore des murailles transformées en buttes, des terrasses, des rues. Une partie du site a été restaurée et ouverte aux visiteurs.

Dans cette section, on traverse des murailles et des murs d'enceintes monumentaux, ornés de frises représentant des animaux terrestres et marins, des places rituelles, des couloirs labyrinthiques. Le travail de restauration, quoique admirable, me laisse perplexe sur notre capacité à faire revivre une civilisation disparue en laissant peu de traces... Je me sens partie d'un décor de film à saveur égyptienne, avec tout cet ocre et des murailles épaisses et sèches, où l'on reconnaît des briques moulées en usine et du béton on ne peut plus modernes.

Nous visitons ensuite le site de la Huaca (tombe, site archéologique) del Sol, une pyramide également construite en aqdobe, des dizaines de millions de briques d'adobe superposées en couches suivant les générations de prêtres régnants. Sur ces briques ont été retrouvés différents symboles que certains archéologues ont interprété comme des marques tribales: une telle construction, pour voir le jour, aurait nécessité l'apport de différentes communautés qui ont ainsi voulu signifier l'importance de leur apport au temple commun.

Il reste les vestiges d'une muraille haute de 6 mètres, conçue non pas pour repousser les ennemis, mais pour faire barrage aux vents chargés de sable. La nature est rude ici, et je ne m'étonne pas que la pyradmide ait été construite au flanc d'une montagne aux côtés de laquelle elle semble minuscule: humilité face à la nature qui peut tuer par des pluies torrentielles et des sécheresses, ce qui justifie bien que l'on sacrifie quelques humains pour l'apaiser.

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