À Piura, les bidonvilles portent le nom d'asentamentos humanos: peuplements humains, et se distinguent des urbanizaciones, qui disposent d'eau courante, d'électricité, de transport urbain, etc. Celui où nous sommes allés, Los Polvorines, a peu en commun avec les favelas de Rio de Janeiro qui s'étaient imprimées dans mon esprit comme le bidonville type. Pas de musique mais le silence quasi total. Pas de passants ni d'agitation mais des rues sablonneuses, vides et larges. Pas de collines mais une étendue absolument plate, dépourvue d'arbres et cuite au soleil. On ressent une impression de calme, cette beauté des après-midis ensoleillés où on ne fout rien et où les gens disparaissent. Les maisons sont espacées régulièrement les unes des autres: un urbaniste serait-il passé par ici, ou alors un militaire nostalgique de ses baraquements militaires? Le point le plus haut, détaché sur l'horizon, est la croix de bambou de l'église.
Les murs sont en fibres végétales tressées ou en feuilles minces de contreplaqué. Les toits se réduisent à de la tôle ondulée qui brille au soleil à perte de vue. Je lis un panneau, combinaison d'images et de slogans, qui nous explique les règles à suivre en cas d'inondation lors de la saison des pluies; le bidonville est installé sur une plaine inondable. Je comprends pourquoi tout semble neuf et ordonné: les habitants sont sans doute fréquemment contraints à tout rebâtir...
En dix minutes, nous sommes de retour en plein coeur de Piura. Lucho (notre partenaire à la radio communautaire où nous travaillons) m'explique que ce sont les habitants des asentamentos humanos qui travaillent comme ménagères dans les maisons ou dans les boutiques du centre-ville. Deux stagiaires viendront travailler ici avec des enfants pour que leur réalité se retrouve sur les ondes de la radio. J'ai hâte de connaître ces jeunes! Les entendre me semble d'autant plus nécessaire que ce bidonville, tout ordonné et calme, semble conçu pour ne pas attirer l'attention et être oublié.
jeudi 28 mai 2009
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Étrangement, j'avais cette image de toi avec le gros sac à dos qui traverse les bidonvilles en offrant des médicaments au malade et à bâtir des antennes radiophoniques. Le fait que tu habites dans une maison me deçoit un peu... mais bon, ceci n'enlève absolument rien à ton voyage qui a l'air juste trop cool. Paris a l'air totalement insignifiant en comparaison...
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