dimanche 19 juillet 2009

Piura et la grippe porcine

Ça ne m'a pas pris longtemps, à mon arrivée au Pérou, pour comprendre que l'usine à nouvelles mondiale, le Zeitgeist de l'an 2009, la grippe porcine, allait faire partie du paysage durant tout mon séjour. Dès mon arrivée à l'aéroport de Lima, un matin de garúa (le brouillard côtier qui recouvre Lima durant les mois d'hiver), une équipe d'infirmières attendait les passagers avec des messages par interphone les priant de se rapporter en cas de symptêmes de grippe et des dépliants informatifs. C'était au début de cette histoire, lorsque grippe porcine rimait encore avec Mexique, États-Unis et Canada, et que l'on pouvait encore l'imaginer confinée dans ce coin du monde. À côté de la question classique que les Péruviens font aux étrangers (as-tu goûté au ceviche?), se trouvait une autre plus inquiète: as-tu la grippe?

Depuis, les nouvelles se sont succédées dans les journaux, que je lis presque tous les jours. Le premier cas confirmé à Lima, une Argentine de passage. Les premiers cas de Péruviens et leur multiplication. Dans les périodiques locaux de Piura, on a longtemps parlé de la préparation sanitaire de la ville en cas de propagation du virus. Les entreprises de transport en faisaient-elles assez pour éviter que quelque limeño se ramène avec une petite toux suspecte et contagieuse?

Les statistiques à ce sujet me dégoûtent un peu, parce qu'elles manquent complètement de valeur informative et d'objectivité. Mais elles sont écrite en rouge vif sur les premières pages ces temps-ci, alors les voilà: nombres de personnes infectées au Pérou: près de 1300. Morts: une dizaine. (Note: chaque année, la grippe saisonnière, commune, tue près de 200 personnes au Pérou).

La grippe est maintenant ici. Alors qu'on n'en parle presque plus au Canada, ici cela semble avoir encore le vernis de la nouveauté. Dans les services publics, les banques, les restaurants et évidemment les pharmacies, on nous sert derrière un masque. Dans les commerces, ces masques que tout le monde connaît pour les avoir vu à la télévision sont introuvables.

Je suis très serein et pas du tout inquiété par cette histoire. Je crois que cette peur est un mélange bien précis d'informations partielles et de volonté du gouvernement d'offrir une réponse visible bien que d'une efficacité douteuse. Je vois comme dans un film cette peur évoluer et, bientôt j'espère, se diluer jusqu'à disparaître dans une autre plus menaçante, le terrorisme ou une autre maladie transmissible par CNN.

1 commentaire:

  1. C'est la même chose en France. À la cafétéria de l'hôpital, j'entends les étudiants, les infirmières, les gestionnaires, les médecins s'inquiéter de la grippe porcine. Pour eux, ça va être l'hécatombe d'ici septembre. Et pourtant, ce sont des gens pour la plupart qui ont une certaine connaissance de l'épidémiologie. Si on comparait maintenant le nombre de décès causés par une infection (et on inclut tout: parasite, bactérie, virus) en 2008 au Québec était de 1 142 sur 56 800 (tous les décès). Ça fait 2%...

    Bref, beaucoup de bruit pour rien.

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